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Introduction / Sortir des dynamiques hiérarchiques dans le cinéma (1/5)
L’organisation d’un plateau de cinéma est extrêmement structurée et hiérarchisée. Cela peut sembler non-instinctif, mais cette structure hiérarchique constitue un frein, tant aux avancées environnementales qu'aux avancées sociales.
Introduction
Premièrement, il est essentiel d’acter que ces deux aspects constituent les deux faces d’une même pièce. En effet, les mouvements sociaux s’opposent par essence à tout mécanisme de domination, qu’il soit commis par un groupe social sur un autre groupe social, ou sur la nature elle-même. Toutes ces luttes ont un ennemi commun. Qu’on le nomme capitalisme, patriarcat, colonialisme ou de n’importe quelle autre manière (qui fera bondir les réactionnaires dans tous les cas), on cherche à illustrer ce rapport de force dont bénéficie un groupe de personnes.
La volonté d’un monde plus juste, aux conditions de vie décentes, est donc une vision qui rassemble inévitablement les différents courants sociaux (comprenant les mouvements écologistes).
Respecter le vivant n’implique donc pas de distinction en son sein.
Par ailleurs, il est légitime de souligner la différence de traitement qu'implique une domination (sociale ou économique). Par exemple à une échelle plus globale, les récents incendies ayant ravagé le bastion du cinéma étasunien et ses alentours nous le rappelaient : la RTBF titrait le 14 janvier dernier “Los Angeles : des pompiers privés sauvent les maisons des plus fortunés”. Si le lien entre crise climatique et incendies de cette envergure n’est plus à prouver, il est essentiel de conscientiser que les personnes qui sont et seront les plus affectées par le changement climatique sont celles qui subissent de plein fouet l’hégémonie des groupes dominants (qui ne constituent pas un bloc uniforme, évidemment). A ce titre, nous nous permettrons de ne pas faire de distinction entre les types de subordination.
Le fonctionnement hiérarchique et cloisonné d’un plateau offre un bon nombre d’avantages, le plus utile étant probablement la prise de décision dans l’urgence (malheureusement omniprésente au moment du tournage d’un film), ce qui permet de faire rentrer des plans de travail toujours trop gourmands dans un nombre de jours toujours trop étroit. La question ici n’est pas tant de se demander si ce n’est pas justifiable au vu des conditions de production d’une œuvre audiovisuelle, mais bien si cela est souhaitable dans l’absolu.
Nous analyserons ci-dessous en quoi ces dynamiques peuvent sembler obsolètes face aux enjeux actuels, en personnifiant nos réflexions dans quatre figures différentes : la figure de l’artiste, la figure de la star, la figure du mécène, et enfin la figure de l’éco-référent.e, le dernier chapitre ouvrant le champ des possibles pour faire autrement.